Le stress chronique est un enjeu de société. Ses conséquences ont un impact non seulement sur le bien-être des personnes mais aussi sur le fonctionnement des organisations, et sur l’économie. Le but de ce projet est d’infuser dans une organisation les connaissances issues de la biologie du stress, et les moyens de les utiliser pour déjouer les conséquences du stress chronique. Ce transfert et cette utilisation des connaissances se fera chez les différents acteurs du milieu pour susciter un langage commun qui permettra à l’organisation de devenir le premier établissement Canadien avec un label Iso-Stress. Les récentes recherches dans le domaine du stress indiquent en effet que le stress est contagieux, et qu’une approche globale est nécessaire pour en limiter les conséquences néfastes d’un point de vue organisationnel. Le projet de recherche s’attèlera à mesurer les effets de cette approche innovante sur la qualité des services offerts à la clientèle, le bien-être des employés, et le fonctionnement de l’organisation. L’organisation choisie pour cette démonstration de principe est le Centre Jeunesse de Montréal-Institut Universitaire (CJM-IU) dont la mission est d’offrir des services psychosociaux et de réadaptation auprès de 13 000 enfants et jeunes qui ont connu un passé difficile. Le choix de cette organisation repose sur le fait que les employés travaillant dans le domaine des relations humaines sont particulièrement vulnérables au stress chronique et à ses conséquences, comme le démontrent la prévalence des absences au travail pour raisons psychologiques et le taux de roulement de personnel, fourni par la direction des ressources humaines du CJM-IU. Ce choix a aussi été motivé par la qualité du partenariat établi entre les chercheurs du Centre d’Études sur le Stress Humain (CESH), et le CJM-IU, construit ces 4 dernières années autour de deux projets pilote novateurs, qui avaient respectivement pour objectifs (a) de tester l’implantation et l’efficacité d’un programme de contrôle du stress chronique chez une portion de la clientèle du CJM-IU (Déstresse et Progresse), et (b) de tester l’implantation et l’efficacité d’un programme de contrôle du stress chronique chez une portion des employés du CJM-IU (Stress et Compagnie). Ces projets pilote ont eu un grand succès au sein du CJM-IU, et les résultats scientifiques sont en cours de production. La qualité du partenariat entre le CESH et le CJM-IU a été soulignée par un prix d’excellence Canadien en 2013. Le projet actuel s’inscrit donc dans la continuité de ces études pilote en proposant un déploiement à grande échelle de l’offre de programmes du CESH. Les effets de ce déploiement, qui vise à rendre le CJM-IU Iso-Stress, seront évaluées en mesurant le stress des participants (clients : jeunes suivis par le CJM-IU ; employés : intervenants, gestionnaires, directeurs) par un bioindicateur validé, le cortisol salivaire, par des questionnaires auto-rapportés d’évaluation du risque de stress chronique et des troubles d’adaptation associés comme l’épuisement professionnel, mais aussi par des statistiques issues de la direction des ressources humaines du CJM-IU. Ces informations nous permettront de statuer sur l’efficacité d’un label Iso-Stress sur la qualité des services auprès de la clientèle, et le bien-être des membres du personnel du CJM-IU. Advenant des résultats probants, ce projet représenterait un modèle pour les autres organisations Canadiennes offrant des services à la population, et pourrait susciter un changement de pratique en optimisant la gestion du stress, pour une amélioration de la qualité des services, une amélioration du bien-être des employés, et une réduction des coûts associés aux conséquences du stress chronique. Ce projet est financé par le CRSH.
L’effet de la relation d’attachement parent-enfant sur le développement des enfants a été très étudié depuis une cinquantaine d’années. Toutefois, la très grande majorité des recherches ont porté sur l’attachement mère-enfant en utilisant la situation étrangère (SE) et la situation étrangère préscolaire (SEP), des procédures d’observation permettant d’évaluer l’attachement chez les enfants jusqu’à l’âge de 5 ans. Cette procédure validée uniquement auprès des mères a aussi été utilisée pour étudier l’attachement père-enfant mais s’est avérée peu prédictive du développement de l’enfant. À la lumière de ces résultats, les chercheurs se sont demandé si cette procédure est appropriée pour évaluer la qualité de l’attachement de l’enfant à son père. En mettant l’accent sur le comportement parental durant l’exploration de l’enfant, tout particulièrement la stimulation à la prise de risques et le contrôle, Paquette (2004a, 2004b) a récemment théorisé l’attachement père-enfant en proposant le concept de relation d’activation, c’est-à-dire le lien affectif qui permet à l’enfant de s’ouvrir au monde. Selon cette théorie, la confiance en soi des enfants résulterait non seulement du réconfort parental dans les situations de détresse mais aussi des encouragements parentaux durant l’exploration des environnements physique et social. Notre équipe a développé et validé la situation risquée (SR), une procédure permettant d’évaluer la relation d’activation père-enfant à 12-18 mois (Paquette & Bigras, 2010) et à l’âge préscolaire (Gaumon & Paquette, 2013). Nos travaux ont montré que la SR avec les pères et leurs enfants prédit les troubles intériorisés chez les enfants alors que la SE ne les prédit pas, même après avoir contrôlé le principal type d’engagement paternel au quotidien (Dumont & Paquette, 2013). Notre objectif principal est de vérifier si la relation d’attachement mère-enfant (au sens strict telle que mesurée avec la SE) et la relation d’activation père-enfant (telle que mesurée avec la SR) sont complémentaires pour prédire le développement socio-affectif et la prise de risques des enfants dans les familles biparentales de la population générale. Les objectifs secondaires consistent à explorer les facteurs responsables de l’instabilité temporelle de ces deux types de relation parent-enfant, à évaluer la correspondance entre les procédures d’observation et les représentations d’attachement de l’enfant révélées par les récits narratifs des enfants eux-mêmes (histoires à compléter), et finalement à vérifier l’hypothèse voulant qu’une relation d’activation père-enfant de qualité soit un facteur de protection du développement socio-affectif des enfants lorsque la relation d’attachement mère-enfant est insécurisante. Il est prévu réaliser cette étude longitudinale auprès de 160 familles biparentales (50% de garçons) de la population générale. Le recrutement se fera via les centres de la petite enfance et par le biais d’annonces dans les journaux de quartier de la ville de Montréal. Les familles viendront à l’université à deux moments pour le filmage et les questionnaires: lorsque l’enfant aura entre 12 et 18 mois, puis entre 3 et 4 ans. Une visite à domicile à chacun des deux temps de mesure permettra d’évaluer les interactions parent-enfant au quotidien. L’éducatrice complètera des questionnaires sur le développement socio-affectif des enfants (compétences sociales, comportements extériorisés et intériorisés) à l’âge préscolaire (temps 2). Une meilleure connaissance de la contribution des pères dans la famille permettra d’élaborer des programmes d’intervention plus efficaces auprès des enfants d’âge préscolaire qui développent des problèmes de comportement extériorisés (agressivité, impulsivité, etc.) ou intériorisés (anxiété, dépression, etc.). Ce projet est financé par le CRSH.
L’objectif de ce projet en collaboration avec Pierre Dumouchel (ÉTS) et Najim Dehak (Computer Science and Artificial Intelligence Laboratory) est de constituer un corpus de données qui permettra d’évaluer la possibilité d’un système ubiquitaire pour mesurer l’ampleur du stress aigu de manière continue. Les mesures continues de stress se basent sur les activités cardiaque et respiratoire. L’activité cardiaque et respiratoire est mesurée par des capteurs non intrusifs, laissant ainsi la possibilité à l’usager de réaliser confortablement ses activités normales. Le préalable de ces mesures est que le stress d’un sujet cause une variation de ces caractéristiques physiologiques par rapport à celles observées en état de non stress. D’innombrables études sur le stress datant des premières expériences par Selye (1950) ont confirmé ce préalable en l’illustrant à travers les caractéristiques de différents systèmes du corps incluant le système endocrinien, le système lymphatique, le système nerveux, l’appareil cardiovasculaire, l’appareil respiratoire et l’anatomie visible. Récemment, plusieurs chercheurs en bio ingénierie ont exploité certains patrons physiologiques caractéristiques pour développer des systèmes de détection ubiquitaire du stress humain. Ils assument cependant que l’état de non-stress correspond à une situation où la personne est au repos. Cette assomption impose une importante limitation à l’intérêt pratique de ces systèmes, puisque bon nombre d’activités quotidiennes normales sans stress ne correspondent pas nécessairement à un état de repos physique et donc génèrent des effets physiologiques comparables à ceux observés lors d’expériences de stress (par exemple : augmentation de la pulsation cardiaque, transpiration, sécrétion hormonale). Or, il nous apparaît qu’un système apte à évaluer le stress d’un sujet au cours de sa vie normale devrait en effet être en mesure de discriminer une variation physiologique provoquée par un stress d’une variation imputée par une quelconque activité physique.
Nous désirons donc produire un corpus de données de plusieurs sujets en cours d’expériences de détente, de stress psychologique et d’activité physique afin d’évaluer la possibilité d’isoler les effets physiologiques du stress de ceux de l’activité physique. L’expérience de stress consiste en une présentation orale suivie d’une épreuve de calcul arithmétique, telle que formulée par Kirschbaum et al. (1993) à travers le protocole Trier Social Stress Task (TSST), avec de légères variantes visant d’abord à observer un stress par anticipation dans un état physique au repos, puis pour induire davantage de stress durant la présentation par l’ajout de quelques distractions hors de contrôle. L’expérience d’activité physique que nous proposons a deux objectifs : (1) observer les effets physiologiques de l’activation physique exigée par le TSST, mais avec un minimum de stress ; (2) observer les effets physiologiques d’une activité physique plus intense. Durant chaque expérience, les données physiologiques des capteurs ubiquitaires sont enregistrées pendant que divers indicateurs de l’état de stress réel du sujet sont annotés, incluant l’état ressenti, l’état observé et la concentration de cortisol salivaire (soit l’hormone du stress).
Ce projet est une collaboration entre l’équipe de Pierrich Plusquellec, et celle de Patrice Renaud (UQO), Christian Joyal (UQTR), et Nathalie Fontaine (UdM). La production motrice, automatique, et inconsciente d’expression faciale des émotions en réponse à une émotion perçue s’appelle le mimétisme facial. Elle est une composante des capacités d’empathie d’une personne. Selon le modèle de Decety et Moriguchi (2007),l’observation des émotions active les circuits neuronaux (représentation motrice et réponse autonome émotionnelle associée, empathie motrice), résultant en une résonance avec l’état émotionel de l’autre personne (empathie émotionnelle), et facilitant la reconnaissance de l’émotion (empathie cognitive). Cette empathie motrice facilite la reconnaissance des émotions et les interactions sociales, et donc promeut l’empathie .
Jusqu’à maintenant, l’empathie motrice était mesurée par électromyographie (EMG). Chez les enfants TSA, l’empathie motrice en réponse à des stimuli statiques de n’importe quelle émotion est réduite ou différée. Dans le cas des garçons ayant des troubles de conduite, l’empathie motrice est apparemment aussi limitée, mais essentiellement pour les émotions ayant une valence négative. Chez les garçons ayant un niveau élevé d’insensibilité émotionnelle, des sourires peuvent même être détectés lorsqu’on leur présente des visages de colère.
L’étude de l’empathie motrice nécessitait jusqu’à maintenant d’appareiller le visage du participant avec des électrodes (au mieux de surface). Outre, la sensation invasive pour le participant, la technique par EMG a certaines limites difficiles à contourner comme le risque d’interférence, de couplage entre deux électrodes, le nombre limité de muscles à enregistrer etc.
Nous proposons donc dans cette étude d’utiliser un autre outil récemment développé par l’équipe de Marian Stewart Bartlett, et mis sur le marché par la firme iMotions, inc. FACET(c), qui permet de détecter en temps réel le mouvement de chacune des 19 unités d’actions définies par Paul Ekman pour décrire les expressions faciales des émotions. FACET est capable de détecter ces mouvements avec une sensibilité de 1/30s, et peut donc quantifier le nombre de micro-expressions (qui dure environ 1/6s), en plus de l’intensité et la durée d’activation de chaque muscle du visage. L’algorithme qui constitue le moteur de cette solution logicielle a fait l’objet de nombreuses publications, dont les plus récentes dans la revue Journal of Non Verbal Behavior (IF=1.6; Schaafsma, J., et al, 2015), et Current Biology (IF=9.96; Bartlett et al, 2014). Ce projet est financé par le CRIUSMM.
Decety, J., & Moriguchi, Y. (2007). The empathic brain and its dysfunction in psychiatric populations: implications for intervention across different clinical conditions. Biopsychosocial Medicine, 1, 22–22.
Schaafsma, J., Krahmer, E., Postma, M., Swerts, M., Balsters, M., & Vingerhoets, A. (2014). Comfortably numb? Nonverbal reactions to social exclusion. Journal of Nonverbal Behavior, 39(1), 25–39.
Bartlett, M. S., Littlewort, G. C., Frank, M. G., & Lee, K. (2014). Automatic decoding of facial movements reveals deceptive pain expressions. Current Biology, 24(7), 738–743.
Le stress est un système biologique qui a permis à l’homme de s’adapter face aux menaces de son environnement. Pourtant il semble aujourd’hui être impliqué dans les nombreux maux de nos sociétés modernes. Cette apparente contradiction tient dans la différence entre le stress aigu, et le stress chronique. Le stress chronique se définit comme la répétition de stress aigus vécus sur une certaine période de temps. Le stress chronique apparaît de plus en plus comme un facteur de risque important des troubles de santé mentale. iSMART est une application mobile basée sur les connaissances issues de la psychoneuroendocrinologie, créée pour aider ses utilisateurs à observer l’évolution de leur stress au cours du temps, à détecter l’existence d’un schème de stress chronique, et à les épauler dans des stratégies scientifiquement validées pour négocier les situations de leur quotidien qui peuvent générer des stress à répétition. Le présent projet vise à évaluer l’ergonomie et l’efficacité de iSMART auprès d’un échantillon de personnes se considérant comme stressées de manière chronique. L’objectif du projet est de vérifier si iSMART offre un soutien significatif aux utilisateurs dans la compréhension de leur stress subjectif au cours du temps, et s’il permet une diminution significative de leur niveau de stress perçu et physiologique et des variables associées. Ces objectifs seront atteints en comparant 2 groupes distincts de participants se considérant comme stressés chroniques : (a) des participants utilisant iSMART sur une période de 1 mois (b) des participants n’utilisant pas iSMART. Les participants du groupe expérimental participeront à un groupe de discussion dont l’objectif sera d’identifier le niveau d’ergonomie de iSMART et les moyens de l’améliorer. Les groupes expérimental et témoin seront comparés avant et après l’utilisation de iSMART ou à la condition témoin, au niveau de leur stress subjectif, au niveau du cortisol dans la salive au cours de la journée, un indicateur biologique de stress, et enfin au niveau de leur détresse psychologique, une variable associée au stress chronique. Ce projet est financé par la fondation du CRIUSMM et Bell.
Les projets de Daniel Paquette, en collaboration avec le GRISE de l’Université de Sherbrooke, s’inscrivent dans une programmation portant sur les difficultés de comportement (DC) des enfants et des adolescents et les différences selon le sexe. Elle comprend deux axes. L’axe 1 concerne l’émergence des DC et leur expression. Les objectifs sont d’établir, selon le sexe, la sensibilité et la spécificité de stratégies de détection et de tester des hypothèses quant à la pertinence de cibles de prévention. Sept projets de recherche s’y rattachent . L’axe 2 porte sur l’évolution de l’adaptation sociale et des DC. Le principal objectif est la mise en évidence, selon le sexe, de facteurs qui, seuls ou en interaction, sont reliés à l’évolution des difficultés. Onze projets de recherche des membres de l’équipe s’y rattachent. Ce projet est financé par le FQR-SC.
Ce projet est une collaboration entre l’équipe de Pierrich Plusquellec et l service de kinésiologie de l’Institut Universitaire en Santé Mentale de Montréal, en particulier Gabriel Henri,Isabelle Richard, et Mélanie Turpin kinésiologues.
Des observations cliniques tendent à démontrer que l’exercice physique structuré est un moyen d’exposition à valeur thérapeutique, entre autres à travers une désensibilisation aux sensations corporelles associées à l’anxiété. La littérature scientifique est optimiste en ce sens. Cette étude pilote vise l’utilisation de la science du corps en mouvement et la physiologie de l’exercice pour potentialiser le traitement conventionnel pour les troubles anxieux. Le but ultime étant d’optimiser la qualité des services offerts à la clientèle, de faire reconnaître les interventions en kinésiologie comme option thérapeutique dans le traitement de la clientèle aux prises avec un trouble anxieux et ainsi, implanter une pratique novatrice en santé mentale.
L’étude vise 24 participants dont 12 expérimentaux et 12 témoins dans un devis quasi-expérimental avec liste d’attente. Les population ciblée est celle de patient(e)s présentant un diagnostic primaire de trouble anxieux (critères diagnostiques du DSM-IV pour le trouble anxieux généralisé ou trouble panique avec ou sans agoraphobie) suivis en ambulatoire au Programme des troubles anxieux et de l’humeur (PTAH) à l’IUSMM, absents de toutes conditions médicales incompatibles avec la pratique d’activité physique d’intensité modérée à élevée.